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Benoît Haligan se prit à écouter de toutes ses oreilles.

Un faux pas pouvait perdre ici à tout jamais le jeune M. Robert de Blois et son écuyer fidèle. Mais sa bonne étoile le servit.

— Je suis étranger, répliqua-t-il, et je n’ai jamais vu le vicomte de Penhoël. Mais je venais dans cette partie de la Bretagne pour une affaire qui le regarde, ainsi que sa famille ; j’avais lieu de penser qu’il serait mon obligé… Désormais les rôles sont intervertis, et je vais être contraint d’implorer son hospitalité, qui est ma seule ressource.

Une foule de questions se pressaient sur la lèvre de René, mais il les contint pour répondre seulement :

— L’hospitalité de Penhoël ne manque à personne, monsieur ; nous allons vous conduire au manoir.

Le chaland touchait l’arrivoir du Port-Corbeau. René de Penhoël aida successivement les deux voyageurs à débarquer.

— Prenez mon bras, dit-il à Robert ; la côte est rude ; Benoît, soutiens l’autre étranger.

— Pas pour tout l’or de la terre !… répondit le passeur qui s’éloigna de Blaise comme on eût fait d’un homme atteint de la peste.

Il gagna sa loge située à une centaine de pas