Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.

francs pour nos pauvres quarante mille livres de rente !

— C’est absurde !

— Les gouvernements ne comprendront jamais que leurs appuis naturels sont les propriétaires du sol !

— Cela nous écrase !…

— Cela nous ruine !… Avec les réparations et les non-valeurs, c’est à peine si nous toucherons une trentaine de mille francs tous les ans !…

Robert prononçait ces paroles avec une conviction triste et profonde.

Avant que Blaise lui eût donné la réplique, une voix éclatante et gaillardement timbrée s’éleva dans la nuit.

— Halte-là !… dit-elle.

Puis elle ajouta d’un accent impérieux, en s’adressant à des personnages invisibles :

— Vous autres, attention, s’il vous plaît !…

À ce commandement, il se fit un bruit soudain dans le taillis, parmi les feuilles sèches.

Robert et Blaise, brusquement éveillés de leur songe, regardèrent autour d’eux avec effroi.

À travers les ténèbres épaisses ils aperçurent un homme debout au milieu de la route. À droite et à gauche, d’autres hommes stationnaient immobiles. Et le bruit de feuilles sèches continuait dans le taillis.