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Robert et Blaise mirent leurs chevaux au trot, et sortirent de la ville.

Quand ils se trouvèrent en pleine campagne, le jour commençait à baisser. Il faisait un temps magnifique, mais le soleil se couchait dans un lit de nuages sombres aux franges empourprées, et de temps en temps de brusques bouffées de vent secouaient les feuilles sèches sur les branches des arbres.

Robert réfléchissait, mais sa méditation était joyeuse, et un triomphant sourire relevait sournoisement les coins de sa lèvre. Blaise ne se sentait pas d’allégresse. Pendant que son compagnon rêvait, il se prélassait sur son gros cheval et prenait des poses dignes du Cirque-Olympique.

Une seule chose le molestait, c’était le silence.

— Ah çà ! dit-il enfin d’une voix soumise et caressante, on ne peut donc pas causer, M. Robert ?…

— Cause, si tu veux…

— À la bonne heure !… Eh bien ! mon fils, je te dirai que cette fois-ci je suis content… mais là, en grand !… Paris ne vaut pas deux sous : vive la Bretagne !

Robert pensait toujours.

Blaise reprit avec un enthousiasme croissant :