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Cathou jeta un regard dans la cuisine et vit la Margou, sa mère, qui avait quitté ses fourneaux.

— Diou doux ! dit-elle. La mère cause aussi avec un gentilhomme ! Il en pleut ce soir chez nous !

— Il y a donc, reprit-elle avec volubilité en s’arrêtant, le pied sur la première marche de l’échelle qu’on appelait « l’escalier », il y a donc que la pauvre minoresse, mademoiselle Pola, le cher cœur, va être bien malheureuse. Ah ! grand Dieu du ciel ! ce que c’est que de nous ! Est-ce que vous êtes venu aussi pour voir tout cela ?

— Pour voir tout quoi, ma fille ? demanda le jeune voyageur.

— Toute la chose, enfin, répondit la Cathou. Est-ce que je sais, moi ! le père et la mère disent qu’ils s’en étaient toujours bien douté un peu. Il paraît que madame la comtesse l’a assassiné voilà bien du temps !

— Retiens ta langue ! s’écria Gaëtan, madame la comtesse vous a fait du bien à tous !

— À tous, c’est vrai : pas plus à moi qu’à d’autres. Et pourtant je ne lui veux point de mal, monsieur le chevalier. Si je pouvais l’aider à se sauver ou à se cacher, je le ferais tout de même.

Gaëtan avait cédé à un premier mouvement de colère. Il reprit doucement :

— Tu es une bonne fille, Cathou, et tu as bon cœur.

— J’aime quand vous dites mon nom, murmura-t-elle. Les autres ne le disent pas comme vous. Je sais bien que vous courez après la minoresse Pola, mais elle est si belle. Est-ce que vous n’aurez pas peur dans la chambre de l’aïeul ? Si vous