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peu plus fort sans ajouter une parole et l’aubergiste se retourna en colère.

— Ah ! ah ! fit-il, monsieur le chevalier ! je vous remets bien. Vous voilà revenu ? Tâchez de trouver un trou à la ferme ou dans le village, voyez-vous, car ici, le roi viendrait que je n’aurais pas un lit à lui donner.

Cathou, la grande fille noiraude, arrivait chercher sa longe.

— Saint-Espiritou ! clama-t-elle avec un accent beaucoup plus extravagant que celui de l’aubergiste lui-même, car ces choses se perfectionnent en passant du père aux enfants, voilà M. le chevalier Gaëtan ! Il aura un gîte, quand ce serait dans le coin de ma bouche !

Chailhou se dressa de toute sa hauteur.

— Tu parles comme la fille d’un aubergiste à la douzaine ! dit-il.

— Coupe ta viande ! répliqua la grande Cathou en riant. Ce ne sera pas tous les jours fête. Il y a la chambre de l’aïeul.

— Voilà vingt ans que personne n’y est entré, murmura Chailhou en se signant.

— Oh ! que si fait ! répondit la Cathou en riant plus fort. C’est moi qui donnerai le foin et le son à votre cheval, monsieur le chevalier, venez avec moi.

— Va pour la chambre de l’aïeul, dit Gaëtan gaiement.

Cathou s’élança comme un boulet de canon à travers la cohue qui emplissait la salle commune. Gaëtan la suivit, le nez dans son manteau.

En arrivant au bout de la salle commune, la