Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.





IX

LA LANTERNE MAGIQUE


Il ne faudrait point que le lecteur s’effrayât de ce deuil qui assombrissait le cercle de la reine. Ce deuil n’était point triste. Comme les deux sexes étaient alors aussi coquets l’un que l’autre, les gentilshommes, attifés avec autant de soin que les dames, portaient gaiement les signes de ce chagrin public, qui n’était ressenti par personne. Les dentelles ruisselaient, les diamants resplendissaient, et certes, le morne souverain, sortant tout à coup, ce soir, de sa tombe à peine fermée, eût trouvé sa maison bien plus joyeuse après sa mort que pendant sa vie.

Il eût trouvé chez lui, par exemple, autour de sa femme, plus dodue, plus fraîche que jamais, et véritablement rajeunie par le veuvage, tout un peuple d’ennemis : des revenants de l’exil, des échappés de la Bastille, des proscrits qui rentraient à la cour comme en pays conquis.

Il avait bien fait de mourir, ce roi écrasé par la difficulté de régner, puisque la main robuste de