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Maître Pol avait manque déjà à sa seconde promesse, il s’était laissé entraîner par cet homme.

Allait-il aussi trahir la première ?

La Chantereine lui demanda, montrant toutes ses dents magnifiques en un sourire qui éblouissait :

« Est-ce que tu as juré à ta maman de ne pas jouer, mon chérubin ? »





XIV

OÙ MAÎTRE POL RÉFLÉCHIT.


Chantereine, qu’elle appartienne au temps de Louis XIII ou à notre dix-neuvième siècle, n’a pas besoin d’une grande dépense de malice pour perdre maître Pol, ancien ou moderne.

Il suffit d’une question semblable à celle-ci : « As-tu peur de ta maman ? » pour lancer un pauvre diable à l’eau, tête première, avec une pierre au cou.

Maître Pol eut honte d’être pris pour un jouvenceau bien sage.

« Foi de Dieu ! gronda-t-il, personne n’a le droit de me dire : Fais ceci ou ne fais pas cela. Tu vas bien voir, fillette, que je manie les dés quand cela me plaît. Je vais te gagner ton collier de perles et des pendants d’oreilles par-dessus le marché ! »