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sans pente qui rejoignaient au bout de quelques pas de nouvelles marches.

Et cela ne finissait point. Les couloirs succédaient aux degrés, les degrés aux couloirs. C’était interminable.

Petit René montait toujours ; la lenteur avec laquelle s’opérait son ascension donnait à la route parcourue une longueur fantastique. Il semblait que, depuis la salle souterraine, il avait monté assez pour arriver au faîte de la plus haute montagne.

La fatigue se joignant à de vagues frayeurs lui ôtait le souffle, et lorsqu’il s’arrêtait un instant pour reprendre haleine, il se demandait, dans sa superstition enfantine, s’il n’allait pas franchir les limites de la terre et arriver aux portes du ciel.

Puis son pied heurtait de nouveaux degrés dans l’ombre et il montait encore.

Il y avait un gros quart d’heure qu’il gravissait ainsi, presque sans relâche ; et comme chaque minute s’allongeait dans cette nuit silencieuse et pleine de terreur, il lui semblait que son voyage avait duré déjà plus d’une heure.

Au moment où il se demandait, pour la vingtième fois, où aboutirait cette ascension indéfinie, il crut entendre autour de lui comme un murmure confus.

Il écouta mieux, et son oreille, rendue plus subtile par les heures muettes qu’il avait subies dans le souterrain, saisit un bourdonnement indistinct qui allait désormais s’augmentant à chaque marche qu’il montait.

Si René eût jamais vu l’Océan, ces bruits vagues lui auraient rappelé le sourd fracas de la mer bruissant au loin sur les grandes grèves.

Il monta quelques degrés encore et sa tête heurta brusquement le roc.

René demeura un instant étourdi, et ses yeux se fermèrent. — Lorsqu’il les rouvrit, une lueur imperceptible, mais qui sembla une étoile brillante à sa vue aiguisée par l’obscurité, vint frapper ses yeux.

Cette lueur était un point perdu dans les vastes ténèbres.

Il s’élança, croyant pouvoir la toucher du doigt, mais le chemin s’allongeait sous ses pas. — Il marchait, suivant maintenant une pente insensible, et la lueur était toujours devant lui. Lorsqu’il l’atteignit enfin, il était au bout d’un long couloir qui terminait l’escalier de pierre.

Le roc vif lui barrait de tous côtés le passage.

La lueur paraissait toujours ; il en approcha son œil et la vit grandir, mais il n’aperçut rien au delà.

C’était une fente étroite, qui communiquait probablement avec le dehors, mais qui laissait pénétrer la lumière de biais, et ne donnait nulle issue au regard.

Le cœur de René bondissait d’espoir, il devinait le grand jour derrière cet obstacle, et il se promettait de se frayer une issue.

Il prit dans sa poche le petit couteau qui lui servait à couper des branches dans les taillis, et attaqua courageusement le roc.

La pierre était bien dure. René frappait de toute sa force : les étincelles jaillirent, puis le couteau se brisa.

Mais au moment où René sentait ses yeux s’emplir de larmes, en voyant