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sur son visage les traces évidentes de sa tendre sollicitude, entra doucement.

Le regard de Mira s’était relevé au bruit de la porte. Saulnier, qui l’examinait toujours, suivit ce regard et tressaillit en le voyant tomber, amer et accusateur, sur le charmant visage de Sara.

Ce regard valait toutes les explications du monde. Il n’était plus possible de se méprendre sur le sens voilé des dernières paroles du docteur. Il avait fait volontairement allusion à un crime mystérieux et dont la pensée seule épouvantait l’esprit du jeune médecin.

Que croire ? Sara s’avançait sur la pointe des pieds ; ses beaux yeux disaient sa tendresse inquiète, et derrière la pâleur de sa joue, on devinait des larmes.

Cette femme aimait, cette femme était la bonté noble et pure !

Le cœur du jeune médecin se révolta énergiquement, car la calomnie était infâme auprès d’un lit de mourant et en face de cette douleur d’épouse !…

Il se retourna vers le docteur avec une véritable indignation. La physionomie de ce dernier s’était tout à coup transformée ; Saulnier n’y trouva plus trace de ce qui l’avait si fort irrité.

Le docteur Mira était debout, il s’inclinait respectueusement et appelait un sourire sur sa froide figure.

Au moment où madame de Laurens passait devant lui, le docteur lui prit la main, qu’il toucha de ses lèvres avec tous les signes d’un profond dévouement.

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La maladie de l’agent de change avait ces bizarres symptômes des affections nerveuses qui laissent au patient, par intervalles, toutes les apparences de la santé, et qui le jettent, anéanti brusquement, sur le lit d’agonie. Comme le mal n’affecte ici aucune portion visible du corps, on n’a même pas le triste bénéfice de la souffrance ; les indifférents doutent, les ignorants se moquent, et chacun prononce tout bas le mot de malade imaginaire.

Par le fait, ces angoisses terribles de la névralgie qui tordent les ro-