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Yaumi est venu, qu’il l’a attendu… et que Polo Rouan regrettera toute sa vie de n’avoir pu profiter de l’heure qui vient de s’écouler.

Comme le Loup finissait de parler, Pelo poussa un long soupir et détendit sus membres crispés.

— Il revient à lui ! s’écria Marie qui approcha des lèvres du malade une fiole dont il but avidement le contenu.

Après avoir bu, il passa la main sur son front dégouttant de sueur, et se leva à l’aide du bras de la jolie fille. En apercevant le Loup, il tressaillit.

— Laisse-nous, dit-il à Marie.

Celle-ci obéit, mais lentement. Elle quittait à regret son père en un moment pareil. Avant qu’elle eût franchi la porte de sa retraite, Pelo Rouan et le Loup avaient entamé déjà leur entretien.

— Qu’y a-t-il ? demanda le charbonnier.

Yaumi jeta un regard de défiance vers Marie et prononça quelques mots à voix basse.

— Dis-tu vrai ? s’écria Pelo qui se dressa de toute sa hauteur ; — le ciel aurait-il enfin condamné cet homme ?

En même temps il fit mine de s’élancer vers la porte. Yaumi le retint.

— Je me doutais bien, maître, dit-il, que ce serait pour vous un grand crève-cœur… Le ciel l’avait condamné peut-être ; vous l’avez absous… L’heure d’agir est depuis longtemps passée !

Yaumi étendit la main vers l’horloge à poids.

— On m’avait donné deux heures, ajouta-t-il ; — j’en ai perdu une à vous voir souffrir.

Pelo Rouan serra les poings avec violence et s’assit sur le banc.

— Qu’a-t-on fait là-bas ? demanda-t-il.

Yaumi prononçait les premiers mots de sa réponse, toujours à voix basse, au moment où Marie lirait à soi la porte de sa retraite. Par hagard, un de ces mots arriva jusqu’à elle. La jolie fille changea de couleur, laissa la porte entrebâillée, et mit son oreille à l’ouverture.

Le mot qu’elle avait entendu était le nom du beau capitaine.



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