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Le vieux Blasius sourit dans sa barbe, comme s’il eût caressé chèrement une pensée amie.

— Oh ! oh ! reprit-il, vous êtes des bons seigneurs, vous trois !… et je suis sûr que vous donneriez volontiers un coup d’épaule à un pauvre diable qui ne vous a jamais fait de mal !…

Son accent était de plus en plus respectueux.

— Est-ce que vous avez quelque chose à nous demander, maître Blasius ? dit Otto.

— On ne sait pas, mon gracieux seigneur, l’âge vient… et j’ai la fantaisie de mourir au pays… Voyons ! parlez-moi franc comme de vrais gentilshommes !… le fils de votre sœur vous aime-t-il assez pour me rendre, à votre prière, ma place de majordome ?

— Assurément, répliquèrent à la fois Albert et Goëtz.

Otto ajouta de sa voix grave, qui éloignait jusqu’à l’idée du mensonge :

— S’il ne vous faut que cela pour être heureux, maître Blasius, je prends sur moi de vous promettre l’emploi de majordome au château de Bluthaupt.

Le vieux geôlier prit son verre, puis, il le repoussa ; il était ému et il hésitait grandement. Au bout de quelques secondes de silence, il ôta son bonnet et mit ses deux coudes sur la table.

Ses yeux clignèrent, souriant, tandis qu’il regardait les trois frères en face.

— Si c’est comme cela, mes gracieux seigneurs, dit-il enfin, vous pourrez bien vous évader encore une fois… Mais vous ne partirez pas seuls, si vous daignez admettre un pauvre vieillard à l’honneur de votre compagnie.


FIN DU FILS DU DIABLE.