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chevalier ; veuillez aller les chercher, monsieur de Reinhold… nous allons avoir besoin de leur aide.

Reinhold s’éloigna.

Petite et les deux autres associés continuèrent leur route. Presque tous les valets de Geldberg avaient suivi la chasse ; il n’y avait personne dans les longs corridors du château. Au pied de l’escalier de la Tour-du-Guet, Petite et ses deux compagnons trouvèrent le seigneur Georgyi, qui veillait, armé comme pour une bataille.

— Seigneur Yanos, lui dit Petite, il y a, suspendue au-dessus de nous tous une terrible menace !… cet homme, que vous attendez, ne viendra pas… pourquoi n’iriez-vous pas le chercher ?

Le front du Madgyar devint pourpre.

— Je suis monté déjà plus d’une fois auprès de cette porte maudite, répliqua-t-il avec honte, mais je ne sais combattre que les hommes, et qui sait ce qu’il y a au sommet de cette tour ?…

Petite avait mesuré ses paroles selon le connaissance parfaite qu’elle avait du caractère d’Yanos. Elle affecta un grand étonnement.

— Dois-je croire, dit-elle en contenant sa voix, que le seigneur Georgyi a eu peur ?

Le Madgyar fronça le sourcil, mais il ne répondit pas.

— Ceci me fait craindre, reprit madame de Laurens, pour le service que nous venions vous demander, seigneur Yanos… car il y a du danger…

Le Madgyar redressa brusquement sa grande taille.

— Je suis prêt, répliqua-t-il ; faut-il combattre contre deux hommes à la fois ?

— Peut-être… répliqua Petite ; vous êtes armé… ce jeune Franz que vous dédaigniez naguère a trouvé de puissants défenseurs.

— Conduisez-moi, interrompit Yanos, et montrez-moi mes adversaires !

Reinhold arrivait en ce moment avec Pitois et Mâlou, qui portaient en bandoulière leurs fusils de chasse.

— Montez par ici, leur dit Petite, en indiquant l’escalier de la Tour-du-Guet.