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CHAPITRE VII.

ADIEUX.

Sur le devant du cercle, on n’avait pas encore connaissance de l’arrivée de Jean ; mais on s’amusait tout de même.

On était là aux premières places ; on pouvait voir l’angoisse peinte sur le visage de la vieille femme, les larmes désespérées de Victoire et l’étonnement triste de l’idiot, qui, pour la première fois de sa vie, se sentait le cœur ému vaguement.

On pouvait voir les efforts et les contorsions des aides de la justice, qui avaient presque honte de leur rôle, et qui gardaient, certes, plus de compassion dans l’âme que les neuf dixièmes des curieux.

C’était charmant ! et, en conscience, cette dernière journée du carnaval commençait d’une façon bien gaie !

À cet instant, la mère Regnault, à bout de résistance, atteignait justement le fiacre, et se trouvait par conséquent en face de son ancienne échoppe. La vue de cette place, qu’elle avait occupée pendant si longtemps, et qui gardait pour elle tant de souvenirs chers, de cette place où une nombreuse famille l’avait entourée autrefois, où elle avait été riche, heureuse, honorée, lui toucha le cœur comme la pointe aiguë d’un couteau : elle se révolta contre l’accablante détresse ; un effort convulsif la dégagea des mains de ses gardiens ; la foule hurla bravo !