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Après la réponse de Franz, Sara et lui avaient gardé durant quelques secondes un silence embarrassé.

— Vous ne l’aimez pas ?… reprit enfin Petite.

— Non, répliqua Franz.

— C’est bien vrai ?

— Puisque je vous l’affirme…

— Eh bien, prouvez-le-moi !… je parie que votre rendez-vous est fixé à demain, pendant la chasse aux flambeaux.

— Mais il n’y a pas de rendez-vous… commença Franz.

Sara l’interrompit :

— C’est une si excellente occasion ! dit-elle avec un léger accent de raillerie ; il y aurait pourtant un moyen de me persuader…

— Lequel ?

— Mais vous ne l’emploierez pas !

— Dites…

— À quoi bon ?

Franz fit un geste d’impatience. Le spectre s’appuyait, immobile, à la colonne. On l’eût pris pour une de ces funèbres figures, taillées dans le marbre des tombeaux, si de faibles tressaillements n’eussent agité de temps à autre les longs plis de son suaire. Sa tête voilée faisait seule saillie en dehors du pilier ; Sara et Franz ne l’apercevaient point.

— Écoutez, reprit Petite, si je suis jalouse, c’est que je vous aime encore, moi !… j’ai peur ; rassurez-moi par pitié !… Je crois que vous avez donné ces heures de la chasse à une autre ; si vous me les consacrez, je ne craindrai plus, et je serai bien heureuse…

On aurait pu entendre, sous le voile blanc du spectre, comme une plainte étouffée.

— Ces heures sont à vous comme toutes celles de ma vie, répondit Franz qui ne savait comment tourner la difficulté ; où voulez-vous que j’aille vous rejoindre ?

— Derrière le château, répondit Sara, qui eut, sous son masque, un sourire ; dans ce champ où sont les ruines de l’ancien village de Bluthaupt.

— À quel moment ?