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Un faible sourire vint se jouer sur les lèvres entr’ouvertes de la petite Galifarde.

— Ne dirait-on pas qu’elle m’entend ?… s’écria madame de Laurens, heureuse tout à coup. Voyez ! cet air de souffrance qui nous faisait peur a disparu. Comme elle sera belle dans un an d’ici !… Folles que nous étions de penser à la mort !

On frappa en ce moment à la porte extérieure de la chambre.

— Ce doit être le médecin, dit Batailleur.

Petite regagna aussitôt son appartement.

Aux yeux du médecin Saulnier, elle n’avait que faire auprès de cette enfant, qui était la fille de la marchande du Temple.

Et pourtant, que n’eût-elle pas donné pour entendre ce qui allait se dire au chevet de Judith !

Elle ferma la porte de son appartement et resta tout auprès, collant tour à tour son œil et son oreille à la serrure.

Le docteur Saulnier entra et alla s’asseoir auprès du lit de l’enfant.

Sara le vit prendre la lumière et regarder attentivement le visage de Judith, après lui avoir tâté le pouls durant plus d’une minute ; puis elle le vit secouer la tête, tandis que ses lèvres prononçaient des paroles qui n’arrivaient point jusqu’à elle.

Ces paroles, Sara croyait les deviner.

Le médecin tendit la bougie à Batailleur, afin d’avoir ses deux mains libres.

Il examina Judith pendant un instant encore, puis il souleva la couverture.

L’œil de Sara s’agrandissait derrière la serrure ; son âme était dans son regard.

Mais, soit hasard, soit volonté. Batailleur changea de place et mit sa taille épaisse entre la porte et le lit.

Sara ne vit plus rien.