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— Non !… non ! balbutia-t-il par un suprême effort de résistance ; mon Dieu, ayez pitié de moi !…

Johann le regardait avec une joie cruelle ; en sa pensée, il n’avait plus besoin de porter un dernier coup.

Mais comme il allait reprendre la parole, un peu de force revint au pauvre joueur d’orgue, qui, chancelant et la tête baissée, fit un pas pour s’éloigner.

— Gertraud ! murmurait-il, le cœur défaillant et brisé ! Gertraud et ma mère !… Oh ! je me tuerai, mais je ne tuerai pas !…

Johann avait froncé le sourcil en voyant sa proie lui échapper, mais un sourire triomphant revint froisser soudain sa lèvre mince. Il se faisait un bruit confus du côté de la maison de Hans Dorn, et la foule, riant, bavardant, se pressant, courait en masse dans cette direction.

Johann rattrapa le joueur d’orgue fugitif en deux enjambées ; il le saisit par le bras.

— Regarde ! dit-il en montrant du doigt la porte de Hans Dorn.

Jean regarda ; sa poitrine rendit un râle sourd. Ses jambes faiblirent, et il tomba sur ses deux genoux, comme foudroyé…

Dans la foule rieuse on criait :

— Oh ! hé, les autres, venez donc voir la bonne femme Regnault qu’on emballe (qu’on arrête) !…

Emballée la Regnault !