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Le sol était jonché de débris de colonnes et de statues ; — il ne restait plus que les piliers de marbre du maître-autel.

Klaus traversa la chapelle et gagna le chœur, dont les stalles vermoulues ne gardaient plus aucune trace de sculpture. — Il ouvrit une petite porte située derrière l’autel, et descendit les marches roides et humides d’un escalier souterrain.

Il était dans les caveaux mortuaires des anciens comtes de Bluthaupt.

C’était une large salle, soutenue par des piliers massifs, entre lesquels s’élevaient des tombeaux.

Une lampe mourante, placée sur une des tombes, envoyait aux objets de vagues lueurs.

Quand la mèche, ranimée, jetait par instants une lumière plus vive, on voyait sortir de l’ombre les statues des vieux comtes, couchés sur le dos, les bras en croix sur la poitrine, avec leur grande épée le long de leur flanc.

Klaus se signa en entrant dans cette salle funèbre.

— Êtes-vous là ? murmura-t-il ensuite.

Personne ne répondit.

Klaus tremblait parmi tous ces morts.

La tombe sur laquelle était posée la lampe supportait trois statues de porphyre rouge, couchées côte à côte.

C’étaient les trois fils du Comte-Noir, — ceux-là mêmes qui, suivant la légende, revenaient de temps en temps sur terre pour fêter la naissance ou la mort des Bluthaupt, — les Trois Hommes Rouges…

Les lueurs vacillantes de la lampe mettaient à leurs visages de pierre comme un reflet vivant.

L’idée venait à Klaus que peut-être ils allaient se lever et marcher.

— Êtes-vous là ?… répéta-t-il d’une voix étouffée.

Personne ne répondit encore.

Mais il se fit un bruit sourd tout au fond du souterrain, et quelques secondes après, aux dernières lueurs de la lampe, trois formes humaines se dessinèrent vaguement entre les colonnes…

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