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Il se pencha au-dessus du sentier, tendant l’oreille et cherchant à percer du regard le voile de brume qui couvrait encore la vallée.

Il ne vit rien. Entre ces roches sauvages, il n’y avait pas trace d’habitation humaine.

Mais le second couplet de la chanson monta jusqu’à lui.

Franz attendit deux ou trois secondes, puis, incapable de se contenir, il entonna le refrain à tue-tête.

Le silence se fit dans la vallée ; plus d’écho ; Franz restait debout au milieu de la route, immobile, la bouche ouverte à demi et ne sachant trop s’il avait rêvé.

— Gertraud !… Gertraud !… cria-t-il.

Point de réponse.

Franz haussa les épaules et se prit lui-même en pitié, comme un homme qui vient de commettre un acte de démence.

Appeler du fond de l’Allemagne la petite Gertraud qui était à Paris.

Malgré ce beau raisonnement, au lieu de continuer sa route vers le nouveau village, il se mit à descendre le sentier à pic, en s’aidant des pieds et des mains.

Le soleil montait ; la brume s’éclaircissait peu à peu.

Il avait fait déjà une centaine de pas parmi les rochers qui semblaient jetés comme au hasard à la base de la montagne, lorsqu’un cri faible s’éleva derrière lui.

— Père !… père !… dit en même temps une voix bien connue ; venez vite !… voilà M. Franz.

Celui-ci se retourna vivement, et aperçut, adossée à un énorme quartier de roc, une maisonnette dont la couleur se confondait exactement avec celle de la pierre, et qu’il avait dépassée sans l’apercevoir.

Gertraud était debout sur le seuil, et gesticulait en appelant quelqu’un à l’intérieur.

Franz s’élança, plus joyeux encore que surpris ; l’instant d’après, il était entre Hans Dorn et sa fille.

Il donna une bonne poignée de main au marchand d’habits, et baisa amplement Gertraud, suivant sa coutume.

Hans Dorn n’y trouvait point à redire sans doute ; car il se bornait à