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château de Geldberg, en compagnie des premiers invités, parmi lesquels se trouvait Denise.

Ne fallait-il pas bien suivre Denise ?

Franz n’avait eu garde de confier ce départ à son ami Hans Dorn, ni même à la petite Gertraud, pour qui, d’ordinaire, il n’avait point de secrets.

Il voulait aller à Geldberg, et le cavalier allemand était d’un avis contraire ; — Franz avait ses raisons pour penser que le cavalier allemand pourrait bien, le cas échéant et par excès de sollicitude, lui barrer le chemin de vive force.

Il était parti, joyeux comme un écolier qui devance l’heure des vacances ; sa garde-robe était dans un état splendide, et il avait la bourse très-bien garnie.

En vérité, ce n’était déjà plus le petit commis des bureaux de Geldberg. Ses espoirs, insensés ou non, lui donnaient un singulier aplomb, qu’augmentait sa passagère opulence.

L’idée du baron de Rodach fut réalisée à peu de choses près, bien qu’il n’y eût point mis la main.

Franz fit de l’effet parmi le monde brillant, rassemblé à Geldberg. Il était jeune, il était charmant ; on pouvait le croire riche.

Les femmes s’occupèrent de lui énormément, ce qui lui valut l’attention jalouse de ces Messieurs.

Être regardé par les femmes et envié par ces Messieurs : tel est assurément le but le plus magnifique que puisse rêver l’imagination d’un jeune homme portant moustache naissante et cœur de lion.

Franz était à la mode ; il fallut changer de tactique à son égard. — Il ne s’agissait plus de le guetter à l’affût comme un gibier, et de lui envoyer une balle par derrière.

Cela eût fait trop de bruit. La réunion entière se serait émue, et les suites d’un pareil assassinat ne pouvaient point être calculées.

Les associés durent prendre des biais ; on tendit des pièges plus ou moins adroitement : Franz les évita.

La plupart des tentatives furent néanmoins bien près de réussir ; une surtout.