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CINQUIÈME PARTIE.

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LE MYSTÈRE DE LA TRINITÉ.


CHAPITRE Ier.

AUGUY.

On était au matin du mardi-gras. Les rues du faubourg Saint-Honoré, calmes et désertes encore, gardaient leur physionomie de tous les jours. Rien n’y annonçait la fête prochaine ; le noble quartier ne s’émouvait point à l’approche des joies populaires ; il dormait, fatigué de son carnaval à lui, si parfumé, si truffé, si doré. C’est à peine s’il savait que deux cent mille Parisiens allaient courir aujourd’hui la ville pour voir un bœuf hydropique, conduit par des garçons bouchers en goguette.

Il était environ neuf heures du matin ; le soleil, empourpré par la brume, semblait suspendre son disque sans rayons au-dessus de la Madeleine. On ne voyait sur les trottoirs que des ouvriers, le nez dans leurs blouses, et quelques employés gagnant le bureau à contre-cœur.

Les portes de l’hôtel de Geldberg étaient ouvertes ; c’était, nous l’avons dit, une maison modèle qui voulait un petit saint dans chacun de ses commis.

Depuis quelques minutes, du côté de la rue opposé à la porte cochère,