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CHAPITRE XX.

IVRESSE.

Fritz buvait ; ses yeux éteints se fixaient sur Johann, lourds et sans pensées.

— Eh bien ! mon vieux Fritz, disait ce dernier, tu vois que c’est une affaire où il y a bon à gagner.

— Les juges d’Allemagne condamnent à mort comme ceux de France, répliqua le courrier de Bluthaupt.

Johann haussa les épaules.

— As-tu peur de mourir ? demanda-t-il en riant.

Le courrier eut comme un frémissement de terreur.

Il but un grand verre d’eau-de-vie.

— Après la mort, il y a l’enfer, murmura-t-il ; l’enfer où l’on brûle toute une éternité !… Si je n’avais pas peur de cela, maître Johann, voilà longtemps que vous ne verriez plus le pauvre Fritz dans le marché du Temple.

— Parce que ?…

— Parce que bien souvent, quand il passe le long des quais, après la nuit tombée, il se penche au-dessus de la Seine avec envie… Oh ! si la mort était un sommeil, reprit-il tout à coup avec véhémence, comme je