Page:Féval - Le Fils du diable - Tomes 1-2.djvu/785

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Qu’a-t-il dit ?

— Pas grand’chose… Que vous étiez un maraud, je crois, et que vous n’aviez pas su gagner votre argent.

— Voilà tout ?

— À peu près… Il a jeté votre lettre au feu, ajoutant qu’il ne vous donnerait pas un centime.

Verdier serra ses poings sous sa maigre couverture.

— Si je pouvais le tenir là et l’étrangler ! dit-il en grinçant des dents.

— Vous pouvez du moins le perdre, répliqua le baron.

Verdier se releva sur le coude ; ses yeux éteints eurent un éclair.

— Écoutez-moi, mon pauvre garçon, reprit Rodach avec son calme ordinaire ; vous savez bien que je vous connais des pieds à la tête et que j’ai entre les mains quelques-unes de vos signatures, qui valent le bagne à présentation et sans escompte… Vous êtes en mon pouvoir ; vous n’y pouvez pas être davantage… ainsi ne faites pas de façons, je vous conseille, et acceptez mes offres sans marchander.

— Je ne les connais pas, balbutia Verdier dont le visage abattu prit une expression d’inquiétude.

Rodach tira son portefeuille de sa poche.

— Combien M. de Reinhold vous avait-il promis pour votre expédition de ce matin ? demanda-t-il.

— Deux mille francs, répondit Verdier.

Le baron déchira une page de ses tablettes et traça vivement quelques mots au crayon.

— Je vais vous donner un à-compte de sa part, reprit-il, si vous voulez me signer ce reçu.

Il tendit le papier à Verdier, qui lut :

« Reçu de M. le chevalier de Reinhold la somme de cinq cents francs, à-compte sur le prix convenu entre nous pour mon duel contre M. Franz.

« Paris, le février 1844. »

— Je ne peux pas signer cela, dit-il.

— Mon pauvre garçon, répliqua le baron en haussant les épaules, qu’aurais-je besoin de cela, s’il ne s’agissait que de vous ?… Croyez-moi, signez !