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de chaise qu’on remue. Depuis deux ou trois secondes la jeune fille avait oublié Franz et Denise. Sa physionomie changea.

— Je vous crois, je vous crois, mon bon Jean, dit-elle précipitamment ; qu’ai-je besoin de savoir ?… Attendez-moi ici un instant et je vais vous apporter ce que vous me demandez.

— Pourtant, reprit le joueur d’orgue, si vous avez envie de connaître…

— Non, non, non ! dit par trois fois la jeune fille, attendez-moi ici ; je vais revenir.

Elle gagna vivement la porte de son père ; mais avant de l’ouvrir, elle s’arrêta indécise.

Les yeux de Jean la suivaient brillants de gratitude et d’amour. C’était ce regard qui l’arrêtait ; car la chambre de Hans Dorn était éclairée, et Jean allait voir les deux amants si elle ouvrait la porte.

Et néanmoins il fallait agir.

Elle s’avisa d’un moyen naïf comme son âme et infaillible, eu égard à la nature obéissante du pauvre joueur d’orgue.

— Écoutez, Jean, dit-elle, en se donnant un petit air solennel ; je veux bien aller chercher les habits que vous me demandez, mais il faut tourner le dos à cette porte… Il y a de l’autre côté quelque chose que vous ne devez point voir… c’est le secret de mon père !

Jean se tourna aussitôt du côté de l’escalier. Gertraud emportait la lumière ; il restait dans l’obscurité.

Gertraud se hâta de passer dans la chambre de Hans. Elle crut refermer la porte derrière elle ; mais le pêne glissa sur la serrure vieillie, et le battant resta entrebâillé.

Franz et Denise causaient, les mains entrelacées. C’est à peine s’ils virent la jeune fille traverser la pièce pour se diriger vers le cabinet où Hans Dorn était allé prendre dans la matinée la garde-robe de Franz.

Gertraud déposa sa lumière sur un coffre et se mit à chercher un habillement à la taille de Jean.

Celui-ci était à son poste, la figure tournée vers l’escalier sombre, et ne songeant guère à pénétrer le prétendu secret de Hans Dorn.

Le bruit mystérieux entendu successivement par Gertraud dans la ruelle