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sécheresse, les hannetons et le typhus sur le compte de la prétraille

Durant toute la journée, madame d’Audemer avait abondé dans le sens de sa fille ; la fête avait été déclarée par avance une merveille que les siècles futurs ne pourraient point égaler. Et à propos de la fête, la vicomtesse avait glissé quelques mots très-adroitement au sujet des qualités aimables et séduisantes de ce bon chevalier de Reinhold.

Denise était d’humeur si charmante qu’elle n’avait point trouvé d’objections contre le panégyrique du chevalier.

Si bien que la vicomtesse, enchantée, vit à travers les splendeurs de la fête de Geldberg une autre fête plus modeste, où elle devait jouer un rôle principal : elle rêvait mariage, bouquet de fleurs d’oranger, millions et autres choses délicieuses.

Le soir, Denise sortit sous la garde de Marianne. Quand sa visite fut achevée, au lieu de rentrer à l’hôtel, elle donna ordre au cocher de la conduire place de la Rotonde.

— Mais, Mademoiselle, dit Marianne, M. le chevalier doit être à la maison maintenant.

— Ma bonne, répliqua Denise, il faut bien aussi songer un peu à la fête !… Si je ne presse pas Gertraud, je n’aurai que de vieilles choses au château de Geldberg !

Denise avait trouvé aussi, pour quelques jours du moins, son argument oreiller où elle pouvait se reposer en paix. La fameuse fête répondait à tout ; Marianne se tut, persuadée.

Quand on arriva devant la porte de Hans, Denise mit pied à terre lestement.

— Restez, si vous voulez, ma bonne, dit-elle ; j’ai deux mots à dire et je reviens.

Marianne était vieille ; c’était à peu près l’heure où elle se couchait d’habitude ; la voiture avait de bons coussins moelleux et doux. Denise savait qu’elle retrouverait Marianne endormie.

Elle s’engagea dans l’allée de Hans Dorn.

Cette visite avait été convenue entre elle et Gertraud, dans l’entrevue du matin. Gertraud n’avait pas pu tout dire, d’abord parce que le temps pressait, ensuite parce qu’elle ne savait pas toute l’histoire de Franz. Elle