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t-il, et que de pensées dans ces deux heures !… Parfois, il me semble encore que c’est un rêve… Cet homme est-il mon père, Gertraud ?… je l’ai bien vu cette nuit au bal ; il y a un cœur fier et vaillant dans son regard ; je crois que je l’aimerais… Et ma mère… Oh ! ma mère, que je la vois belle et sainte !…

Il s’arrêta en une sorte d’extase.

— Mais peut-être n’est-ce que l’envoyé de mon père, reprit-il brusquement ; — que sais-je ?… Le sang qui coule dans mes veines brûle parfois comme du feu… Il me semble que mon père doit être un prince !

Gertraud eut un sourire. Franz fit comme s’il s’éveillait.

— Prince ou non, s’écria-t-il, je ne changerais pas mon sort contre celui d’âme qui vive !… je suis jeune, je suis heureux !… Que peut-il y avoir dans l’avenir, sinon de la joie ?

— Dieu vous entende ! monsieur Franz, murmura Gertraud, vous êtes bon et vous pensez à ceux qui souffrent… Vous méritez d’avoir du bonheur.

— Puis-je en souhaiter davantage ? répliqua Franz, et ne m’en avez-vous pas donné vous-même, ce soir, petite sœur ?… Vous m’avez parle d’elle, vous m’avez dit qu’elle m’aimait…

— Je vous ai dit ce que je crois vrai, interrompit la jeune fille ; mais le pauvre Jean et moi nous nous aimons bien aussi, pourtant nous ne sommes pas heureux.

Ce fut comme une pluie froide tombant sur l’enthousiasme de Franz.

— Vous avez raison, petite sœur, prononça-t-il avec un peu d’amertume dans la voix ; — j’étais trop joyeux ; vous avez bien fait de m’éveiller de mon rêve. Hélas ! je le sais, il reste bien des obstacles entre Denise et moi… et, si je perdais Denise, que me feraient toutes les autres joies !…

Sa tête se courba. Passant toujours d’un extrême à l’autre, il demeura un instant comme accablé : si bien que Gertraud en le voyant attristé tout à coup, se repentit de ses paroles.

Mais, avant qu’elle eût ouvert la bouche pour le consoler et l’encourager, l’accès de mélancolie était passé ; Franz avait repris confiance.

— Il faudra combattre, dit-il résolument ; c’est clair !… mais j’ai des