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CHAPITRE XI.

L’APPARITION.

L’étranger sortit avec Lia.

Un quart d’heure après, les cavaliers prussiens mettaient pied à terre à la porte de Gottlieb ; mais il n’y avait plus personne à la ferme, et les Prussiens s’en allèrent comme ils étaient venus.

Le proscrit resta plusieurs jours caché dans la maison de madame Muller, puis il chercha un autre asile. Mais il ne s’éloigna point et les longues courses de Lia cessèrent d’être solitaires.

Le proscrit était connu sous le nom d’Otto parmi ses partisans, et il en avait beaucoup dans le pays. Il changeait souvent de retraite, et partout où il se présentait, on l’accueillait avec une cordialité mêlée de respect. Les polices prussienne, autrichienne et bavaroise unissaient leurs efforts et lui tendaient journellement quelque piège. Il savait s’y soustraire, sans cesse, et les bonnes gens du pays lui prêtaient leur aide, pour dépister les cavaliers qui lui faisaient la chasse.

Lia et lui avaient deux ou trois rendez-vous dans les parties les plus sauvages de la montagne ; c’était là qu’ils se retrouvaient.

Ils s’aimaient. — Il y avait dans leur amour une circonstance étrange. Tandis que la jeune fille s’y livrait sans réserve, et avec tout l’entraîne-