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CHAPITRE VII.

UNE LARME ET UN SOURIRE.

Dans les dernières paroles de madame de Laurens, il y avait comme une accusation formelle contre sa plus jeune sœur. Esther l’interrogea d’un regard étonné, puis, voyant que Petite gardait le silence, elle se leva à son tour, et vint vers la fenêtre.

En ce moment, la curiosité l’emportait chez elle sur la paresse.

— Qu’avez-vous donc vu ? lui demanda-t-elle.

— Rien de nouveau, répliqua Sara ; — le cher petit ange lit des lettres d’amour, voilà tout !

Elle tendit sa lorgnette à Esther, qui la braqua sur la fenêtre du pavillon. Voici ce que vit Esther :

Lia était assise auprès d’une petite table couverte de papiers. Elle s’enveloppait dans un peignoir blanc sur lequel ses magnifiques cheveux noirs ruisselaient en longs flots. Elle avait sa tête dans sa main, et son coude s’appuyait sur la table.

Le jour frappait d’aplomb sur son visage ; elle était très-pâle : une expression de souffrance se répandait sur tous ses traits.

Ses yeux étaient attachés sur une lettre dépliée.

Elle ne bougeait pas ; et, sans les mouvements périodiques de son sein,