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CHAPITRE III.

JEUDI, 8 FÉVRIER, À MIDI.

— Monsieur, dit Rodach à Mira, je pense que vos confidences doivent se rapporter plus ou moins à l’état présent de la maison de Geldberg… mais je ne saisis pas le lien, et je vous prie de me le rendre sensible.

Une fois en sa vie, le docteur avait mis son âme à nu ; il la referma froissée.

Il venait de confesser un crime odieux, comme on raconte les épisodes parfumés d’un premier amour. C’étaient ses beaux jours à lui, ses souvenirs aimés, son âge d’or. Il eut de l’indignation à voir le baron rester froid devant sa confidence.

— Comme vous le dites, monsieur, répliqua-t-il en rappelant brusquement son calme habituel, — cela se rapporte à la maison de Geldberg… Je ne me serais pas permis de prendre vos moments pour écouter un récit qui n’eût regardé que moi seul… Un seul mot vous fera tout comprendre : Sara me doit plusieurs millions.

— Et vous avez sans doute des titres ?

— Je n’ai rien.

Le baron attendit que Mira s’expliquât davantage.

La figure de celui-ci exprimait maintenant de la défiance, et il semblait au regret de s’être avancé, mais il n’était plus temps de reculer.