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— Eh bien ! eh bien !… dit le docteur effrayé par ces symptômes de triste augure ; — aurait-on découvert quelque chose ?…

— Il paraît à tout le moins, murmura Rodach froidement, que la lettre n’apporte pas tout ce qu’on attendait…

Reinhold gronda un blasphème, et son poing fermé menaça le vide.

— Ah ! le scélérat ! s’écria-t-il, le misérable coquin !… il est couché sur son grabat avec un coup d’épée je ne sais où, et il me prie de venir à son secours !… le plus souvent que je lui donnerai un centime !… Ah ! le honteux bandit ! je lui revaudrai cela !

Sa voix bredouillait dans son gosier ; sa face était pourpre ; ses lèvres écumaient.

— Comment ! dit le baron, votre spadassin s’est laissé enferrer par l’enfant !…

Reinhold froissa la lettre entre ses mains avec rage.

— Peut-on savoir !… répliqua-t-il ; le drôle me fait tout un roman… Ah ! le misérable ! le misérable !… qui se fût attendu à cela !…

— Mais, enfin, que dit-il ? demanda José Mira.

Reinhold, au lieu de répondre, lança la lettre dans le foyer, d’un geste violent. Le papier, mal dirigé, rebondit contre le marbre de la cheminée, et vint rouler dans les jambes du baron.

Celui-ci se baissa le plus naturellement du monde, et le ramassa.

— Tenez-vous à ce que cette lettre soit brûlée, demanda-t-il, ou voulez-vous me permettre d’en prendre connaissance ?

— Pardieu ! répondit Reinhold en haussant les épaules, faites comme vous voudrez, monsieur le baron !… Ah !… le coquin ! le coquin !…

Rodach déplia le papier froissé, et se prit à lire à voix haute :

« Mon cher monsieur… »

— Mon cher monsieur ! répéta Reinhold en grinçant des dents, — de la part d’un personnage pareil !… et qui a manqué son coup !… Je trouve cela superbe !

Le baron reprit :

« Mon cher monsieur,

» Je croyais avoir une bonne nouvelle à vous annoncer ce matin, mais