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— Rien du tout ! s’écria Reinhold, qui haussa les épaules ; il s’est présenté à la prison de Francfort, et il prétend qu’on n’a point voulu lui en ouvrir les portes.

— Voilà tout ?

— À peu près… il ajoute cependant qu’il a pris des renseignements dans la ville, et que l’opinion commune est que cette fois-ci les bâtards ne s’échapperont point… Vous savez, ils se sont évadés déjà de presque toutes les prisons d’Allemagne.

— On le dit…

— C’est un fait.

— Il paraît, ajouta le jeune M. de Geldberg, que ce sont trois gaillards résolus que rien n’arrête !

— On le dit, répéta le baron. — Et qu’ajoute encore votre employé ?

— Que le geôlier de Francfort est un habile homme, tenant énormément à sa charge, et veillant nuit et jour sur ses captifs.

— Maître Blasius mérite assurément ces éloges… Après ?

— Bodin n’en dit pas davantage.

Le baron se renversa sur le dossier de son fauteuil.

— C’est peu de chose, en effet, murmura-t-il du bout des lèvres, — et, s’il vous plaît d’en savoir beaucoup plus long sur ce sujet, je me mets à vos ordres.

Le docteur Mira, qui avait repris sa place et se tenait, suivant sa coutume, depuis quelques minutes, dans l’altitude d’une grave et silencieuse méditation, releva ses yeux tout à coup et parut écouter attentivement.

— Connaîtriez-vous donc ces hommes ? demandèrent à la fois Reinhold et Abel.

— Je les connais, répondit Rodach, et j’arrive, moi aussi, de Francfort.

— Vous les avez vus depuis qu’ils sont en prison ?

— Plusieurs fois et depuis moins longtemps que cela… Vous n’êtes pas sans avoir entendu dire que l’un de ces messieurs, Otto, a été fort avant dans la confiance de feu le praticien Zachœus Nesmer, sous le nom d’Urbain Klob ?…

— Nous avions entendu parler de cela, dit Reinhold, mais seulement