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CHAPITRE IV.

LES REGNAULT.

Vis-à-vis des croisées de la maison de Hans Dorn, de l’autre côté de la petite cour, s’ouvrait une chancelante croisée aux vitres étroites et poudreuses. Des morceaux de papier huilé avaient remplacé un bon tiers de carreaux ; sur les châssis branlants une toile jaunâtre et mille fois rapiécée tombait à plat en guise de rideaux.

Derrière cette toile, il y avait une chambre de médiocre étendue, meublée d’un banc de bois, d’un vieux fauteuil de paille, et de deux grabats étiques.

Cette chambre présentait un aspect de misère qui donnait froid et serrait le cœur. — Il n’y avait dans la cheminée ni feu ni cendre. — Le long des murailles nues, on ne voyait point cette pauvre armoire qui est le dernier meuble de l’indigence.

Rien qu’à regarder les planches ruinées des deux grabats, on devinait la raison qui avait empêché de les vendre.

C’était la demeure des Regnault. L’aïeule et sa bru Victoire couchaient ensemble dans le plus grand des deux lits ; l’idiot Geignolet reposait dans l’autre. — À droite de la cheminée, une porte basse donnait entrée dans le trou qui servait de retraite à Jean Regnault.

La vieille femme était encore au lit et demeurait immobile, assise sur