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CHAPITRE XIII.

L’ARMÉNIEN.

Il était environ cinq heures et demie du matin. Dans un petit cabinet du café Anglais, il y avait un homme en tête à tête avec trois ou quatre bouteilles vides.

Dans le cabinet voisin, on riait, on devisait et on chantait.

L’homme attablé avait la figure enluminée et le sourire aux lèvres. Son aspect seul disait franchement que les quatre bouteilles avaient passé de son verre dans son estomac spacieux.

Auprès de lui, sur une chaise, un grand manteau était étendu. Un chapeau à larges bords pendait derrière lui à une patère.

Son costume consistait en une robe rouge à l’arménienne, ouverte sur la poitrine, et faisant voir une chemise de fine batiste, fripée et comme tordue.

À ses côtés, le cordon d’une sonnette, agité récemment, se balançait contre la muraille.

Un garçon entra.

— Un flacon de margaux, dit l’homme.

Le garçon jeta un coup d’œil sur les quatre bouteilles vides, et releva un regard d’admiration vers le convive solitaire.

— Voilà un crâne ! pensa-t-il, qui trinque à lui tout seul, et qui n’a