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CHAPITRE IV.

PREMIER BAISER.

Hans Dorn et Franz eurent une conversation qui dura environ dix minutes.

Un plus ombrageux que notre jeune homme se fût cabré assurément à certaines questions qui lui furent faites ; mais Franz n’avait rien à cacher. Pour les deux cent cinquante francs qu’il venait chercher, il eût raconté de son histoire ce qu’il savait et même ce qu’il ne savait point.

Au bout de dix minutes, Hans ouvrit le tiroir de sa table et y prit deux cent cinquante francs qu’il compta par deux fois.

Franz se saisit immédiatement de l’argent et le fit disparaître dans ses poches.

— Grand merci ! dit-il en boutonnant sa redingote par-dessus son trésor. Grâce à vous, je vais apprendre à mourir décemment, et mener comme il faut ma dernière nuit de carnaval… Touchez là, mon brave homme, je vous souhaite du bonheur, à vous et à votre jolie fille.

Il donna sa main au marchand d’habits, et envoya un baiser à la dérobée vers la porte entr’ouverte de Gertraud.

Ces choses-là sont rarement perdues ; la jeune fille se renfonça dans l’ombre de sa retraite, mais un incarnat plus vif colora sa joue fraîche. Le baiser était arrivé à bon port.

Franz descendit l’escalier branlant, quatre à quatre.