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CHAPITRE III.

L’ÉCHOPPE.

Sans le savoir, Franz avait avancé la tête à l’intérieur de cette échoppe morne et vide, qui contrastait si étrangement avec ses voisines, emplies de mouvement et de bruit.

C’était la dernière ; il avait voulu tenter un dernier effort.

Maintenant il restait là sur le seuil n’osant plus ni s’en aller, ni répéter sa demande.

C’était un enfant subissant toutes les impressions avec une sensibilité fougueuse. Il poussait à l’excès, tour à tour la hardiesse et la timidité. Les deux femmes le regardaient et ne répondaient point. Le garçon idiot, à cheval sur son banc, continuait de rire aux éclats.

Le cœur de Franz se serrait.

— Oh !… oh !… dit enfin le garçon en serrant sa poitrine à deux mains, je ris trop… je ris trop !… Mais c’est que celui-là demande à la mère Regnault si elle veut acheter quelque chose… allez donc : nib de braise !… Si la mère Regnault avait de l’argent, elle donnerait du pain à Geignolet, et Geignolet a grand’faim !

Il cessa de rire, et sa voix prit un accent plaintif.

La plus jeune des deux femmes tourna vers lui son regard où il y avait un désespoir profond.