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Otto souleva le manteau de l’inconnu et tâta sa poitrine, qui était froide. Il avait cessé de vivre depuis plusieurs heures, sans doute.

Otto fit un mouvement pour se relever et rejoindre ses frères ; mais on entendait encore le pas assourdi de leurs montures, qui avançaient bien lentement. — Otto voulut voir le visage de l’inconnu.

La lune envoyait obliquement ses derniers rayons qui, répercutés par la neige, donnaient une lumière assez intense. Otto, penché au-dessus du visage du mort, reconnut ses traits sans doute, car il demeura comme pétrifié.

Au bout de quelques minutes, et alors que le bruit de la marche de ses frères avait cessé complètement de se faire entendre, il mit ses mains sur son front plus pâle que celui du cadavre. — Deux larmes silencieuses roulèrent lentement le long de sa joue.

L’inconnu serrait entre ses doigts un médaillon renfermant des cheveux d’enfant tressés autour d’un portrait de femme.

Otto passa autour de son cou la chaîne qui soutenait ce médaillon.

Puis il fouilla dans la poche du mort, qui renfermait un portefeuille et quelques papiers ; il serra le tout dans son sein.

Puis encore il joignit ses mains et déposa sur le front du cadavre un baiser de fils respectueux.

— Hélène ! Hélène ! murmura-t-il en remontant à cheval, — Hélène et Margarethe… mes deux pauvres sœurs !…

Tout en pressant le trot étouffé de son cheval, il se retourna plusieurs fois vers le fond de la Hœlle, où les restes du vicomte d’Audemer se confondirent bientôt avec la neige remuée…