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Les pipes se rallumaient, la brume s’épaississait, — on ne voyait plus rien.

Puis, quand une éclaircie se faisait de nouveau, les deux copies apparaissaient encore…

L’une d’elles s’asseyait à la table de jeu et maniait les cartes avec une évidente supériorité ; l’autre gesticulait au milieu du groupe oisif et bavard qui devisait d’aventures galantes.

Cette seconde copie avait, de plus que le bel étudiant, un gai sourira aux lèvres, et dans le regard, une nuance d’étourderie fanfaronne. — L’autre différait aussi de l’original, mais non point dans le même sens. Ses traits, pareils, avaient une expression d’apathique insouciance. Les émotions du jeu n’altéraient point son visage, et il vidait coup sur coup son large verre, sans trouver au fond l’ivresse provoquée.

Le bel étudiant se nommait Otto ; le joueur avait nom Goëtz ; et le conteur d’aventures amoureuses s’appelait Albert.

Ils étaient frères tous les trois, et n’avaient à porter que leurs noms de baptême.