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LE BOSSU.

ferme du nez et de la bouche, donnaient de la noblesse à ces joyeusetés de l’expression générale. Le sourire du gai vivant n’effaçait point la fierté du porteur d’épée.

Mais ce qui ne se peut peindre à la plume, c’est l’attrait, la grâce, la juvénile gaillardise de cet ensemble ; c’est aussi la mobilité de cette physionomie fine et changeante, qui pouvait languir aux heures d’amour, comme un doux visage de femme ; qui pouvait, aux heures de combat, suer la terreur comme la tête de Méduse.

Ceux-là seuls l’avaient bien vu qu’il avait tués ; celles-là seules qu’il avait aimées.

Il portait l’élégant costume des chevau-légers du roi, un peu débraillé, un peu fané, mais relevé par un riche manteau de velours, jeté négligemment sur son épaule. Une écharpe de soie rouge à franges d’or indiquait le rang qu’il occupait parmi les aventuriers.

C’est à peine si la rude exécution qu’il venait de faire avait amené un peu de sang à ses joues.

— Vous n’avez pas de honte ! dit-il avec mépris : maltraiter un enfant !

— Capitaine ! voulut répliquer Carrigue en se remettant sur ses jambes.

— Tais-toi… Qui sont ces bravaches ?