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LE BOSSU.

C’était la jeunesse radieuse, forte, gaie, franche, communicative, vaillante, la jeunesse qui attire et qui séduit, la jeunesse que regrettent les victorieux, la jeunesse que ne peuvent racheter ni la fortune conquise, ni le génie planant sur le vulgaire agenouillé, la jeunesse en sa fière et divine fleur, avec l’or de sa chevelure bouclée, avec le sourire épanoui de ses lèvres, avec l’éclair vainqueur de ses yeux !

On dit souvent : « Tout le monde est jeune une fois en sa vie. À quoi bon chanter si haut cette gloire qui ne manque à personne ? »

En avez-vous vu des jeunes hommes ? Et si vous en avez vu, combien ? Moi, je connais des enfants de vingt ans et des vieillards de dix-huit.

Les jeunes hommes, je les cherche.

J’entends ceux-là qui savent en même temps qu’ils peuvent, faisant mentir le plus vrai de tous les proverbes, ceux-là qui portent, comme les orangers bénis des pays du soleil, le fruit à côté de la fleur !

Ceux-là qui ont tout à foison, l’honneur, le cœur, la sève, la folie, et qui s’en vont, brillants et chauds comme un rayon, épandant à pleines mains l’inépuisable trésor de leur vie !

Ils n’ont qu’un jour, hélas ! souvent, car le