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LE BOSSU.

Passepoil, que s’il n’y a pas moyen de faire autrement.

— C’est cela !… Et je dis que cinquante pistoles sont un bon prix pour une pareille besogne !

— Ce Gonzague est-il assez heureux ! soupira tendrement Passepoil.

Cocardasse toucha la garde de sa rapière. Passepoil lui prit la main.

— Mon noble ami, dit-il, tue-moi tout de suite !… c’est la seule manière d’éteindre le feu qui me dévore !… voilà mon sein !… perce-le du coup mortel !…

Le Gascon le regarda un instant d’un air de compassion profonde :

— Pécaire ! fit-il ; ce que c’est que de nous !… Voici une bagasse qui n’emploiera pas une seule de ses cinquante pistoles à jouer ou à boire !

Le bruit redoubla dans la chambre voisine. Cocardasse et Passepoil tressaillirent, parce qu’une petite voix grêle et stridente prononça tout haut derrière eux :

— Il est temps !

Ils se retournèrent vivement. Le bossu de l’hôtel de Gonzague était debout auprès de la table et défaisait tranquillement leurs paquets.

— Oh ! oh ! fit Cocardasse, par où est-il passé celui-là ?