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LE BOSSU.

mère qui, plus vaillante, demanda de sa grosse voix :

— Que venez-vous chercher ici, vous autres ?

Cocardasse toucha son feutre avec cette courtoisie noble des gens qui ont usé beaucoup de sandales dans la poussière des salles d’armes. Puis il cligna de l’œil en regardant frère Passepoil.

Frère Passepoil répondit par un clin d’œil pareil.

Cela voulait dire sans doute bien des choses. — Berrichon tremblait de tous ses membres.

— Eh donc ! respectable dame, dit enfin Cocardasse junior, vous avez un timbre qui me va droit au cœur… et toi, Passepoil ?

Passepoil, nous le savons bien, était de ces âmes tendres que la vue d’une femme impressionne toujours fortement. L’âge n’y faisait rien. Il ne détestait même pas que la personne du sexe eût des moustaches plus fournies que les siennes.

Passepoil approuva d’un sourire et mit son regard en coulisse. Mais admirez cette riche nature ! sa passion pour la plus belle moitié du genre humain n’endormait point sa vigilance. Il avait déjà fait dans sa tête la carte de céans.

La colombe, comme l’appelait Cocardasse,