Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/575

Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
LE BOSSU.

— Ne mens pas !…

— Pourquoi mentirais-je ?

— Bon ! qui ne dit mot consent. — Tu souhaites d’aller au bal du Régent.

Elle frappa dans ses mains en comptant :

— Une !…

— Mais, objecta Aurore, qui se prêtait en riant aux extravagances de sa compagne, je n’ai rien, ni bijoux, ni robes, ni parures.

— Deux !… fit dona Cruz qui frappa dans ses mains pour la seconde fois ; tu souhaites des bijoux, des robes, des parures… et fais bien attention de penser à lui… sans cela, rien de fait.

À mesure que l’opération marchait, la gitanita devenait plus sérieuse.

Ses beaux yeux noirs n’avaient plus leur regard assuré.

Elle croyait aux diableries, cette ravissante enfant. Elle avait peur, mais elle avait désir.

Et sa curiosité l’emportait sur ses frayeurs.

— Fais ton troisième souhait, dit-elle en baissant la voix malgré elle.

— Mais je ne veux pas du tout aller au bal, s’écria Aurore ; cessons ce jeu !

— Comment ! insinua dona Cruz, si tu étais sûre de l’y rencontrer ?…