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LE BOSSU.

— Il t’aime, dit-elle à voix basse ; — il t’aime et n’aimera jamais que toi…

— Mais toi ?…

— Moi, je suis guérie… Je puis voir en souriant, sans haine, avec bonheur, votre mutuelle tendresse… Tu vois bien que ton Lagardère est sorcier !

— Ne me trompes-tu point ? fit Aurore.

Dona Cruz mit la main sur son cœur.

— S’il fallait mon sang pour que vous soyez heureux ensemble, dit-elle, le front haut et les yeux ouverts, — vous seriez heureux.

Aurore lui jeta les deux bras autour du cou.

— Mais je veux mon épreuve ! s’écria dona Cruz ; ne me refuse pas, ma petite Aurore… Souhaite quelque chose.

— Je n’ai rien à souhaiter.

— Quoi ! pas un désir ?…

— Pas un ?

Dona Cruz la fit lever de force et l’entraîna vers la fenêtre. — Le Palais-Royal resplendissait. — Sous le péristyle on voyait couler comme un flot de femmes brillantes et parées…

— Tu n’as pas même envie d’aller au bal du régent ? dit brusquement dona Cruz.

— Moi !… balbutia Aurore dont le sein battit sous sa robe.