Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/563

Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
LE BOSSU.

bohémiens n’en font jamais d’autres… Ils s’introduisent dans les palais par le tuyau des cheminées, à l’heure où le feu est éteint… ils s’emparent de quelques objets de prix et ne manquent jamais d’emporter avec eux le berceau où dort la jeune héritière… Je suis cette jeune héritière, volée par les bohémiens… la plus riche héritière de l’Europe, à ce que je me suis laissé dire !

On ne savait si elle raillait ou si elle parlait sérieusement. Peut-être ne le savait-elle point elle-même.

La volubilité de son débit mettait de belles couleurs à ses joues un peu brunes. Ses yeux, plus noirs que le jais, pétillaient d’intelligence et de hardiesse.

Aurore écoutait bouche béante. Son charmant visage peignait la naïveté crédule, et le plaisir qu’elle éprouvait du bonheur de sa petite amie se lisait franchement dans ses beaux yeux.

— Comment ! fit-elle ; et comment te nommes-tu, Flor ?

Dona Cruz disposa les larges plis de sa robe, et répondit noblement :

— Mademoiselle de Nevers.

— Nevers ? s’écria Aurore ; un des plus grands noms de France !