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LE BOSSU.

Le choix n’était-il pas tout fait ?

Il s’agissait de savoir de quel côté de la balance était Henri, son ami.

L’idée de sa mère vint à la traverse de son trouble. Elle sentit ses genoux fléchir.

Choisir ! Pour la première fois naquit en elle cette navrante pensée. — Si sa mère était d’un côté de la balance et Henri de l’autre !…

— C’est impossible ! s’écria-t-elle, en repoussant cette pensée de toute sa force : Dieu ne peut vouloir cela !

Elle entr’ouvrit les rideaux de sa fenêtre, s’accouda sur le balcon pour donner un peu d’air à son front en feu.

Il y avait un grand mouvement dans la rue. La foule se massait au bas de l’entrée du Palais-Royal pour voir passer les invités. — Déjà la queue des litières et des chaises se faisait entre les deux haies de curieux.

Au premier abord, Aurore ne donna pas grande attention à tout cela. Que lui importaient ce mouvement et ce bruit ! — Mais elle vit, dans une chaise qui passait, deux femmes parées pour la fête : une mère et sa fille.

Les larmes lui vinrent. — Puis une sorte d’éblouissement se fit au devant de ses yeux.

— Si ma mère était là !… pensa-t-elle.