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LE BOSSU.

— La prochaine fois qu’elles t’interrogeront, poursuivit Aurore, — tu leur répondras cela… je n’ai point honte… Pourquoi cacher les bienfaits de mon ami ?

— Mais, notre demoiselle…

— Ne suis-je pas une pauvre fille abandonnée ? continuait Aurore en rêvant, — sans lui, sans ses bienfaits…

— Pour le coup, s’écria Berrichon, — si maître Louis, comme il faut l’appeler, entendait cela, il se mettrait dans une belle colère !… De la charité !… des bienfaits !… fi donc ! notre demoiselle !

— Plût à Dieu qu’on ne prononçât pas d’autres paroles en parlant de lui et de moi ! murmura la jeune fille, dont le beau front pâle prit des nuances rosées.

Berrichon se rapprocha vivement.

— Vous savez donc…? balbutia-t-il.

— Quoi ? demanda Aurore tremblante.

— Dame ! notre demoiselle…

— Parle, Berrichon, je le veux !

Et comme l’enfant hésitait, elle se dressa impérieuse et dit :

— Je t’ai ordonné de parler… j’attends !

Berrichon baissa les yeux, tortillant avec embarras la serviette qu’il tenait à la main.