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LE BOSSU.

» Lui seul eût pu me le dire…

» … Le soleil descendait à l’horizon quand nous reprîmes le chemin de la vallée. J’avais le cœur serré. Je me retournai bien des fois pour voir encore le sombre géant de granit, debout sur son énorme base.

» Cette nuit, je vis des fantômes : une femme en deuil, portant un petit enfant dans ses bras et penchée au-dessus d’un pâle jeune homme qui avait le flanc ouvert.

» Était-ce vous, ma mère ?…

» Le lendemain, sur le pont du navire qui devait nous porter à travers l’Océan et la Manche jusqu’aux rivages de la Flandre, Henri me dit :

» — Bientôt, vous saurez tout, Aurore… Fasse Dieu que vous en soyez plus heureuse !

» Sa voix était triste en disant cela.

» Se pourrait-il que le malheur me vînt avec la connaissance de ma famille ?

» Dût-ce être la vérité, je veux vous connaître, ma mère !…

» … Nous débarquâmes à Ostende. — À Bruxelles, Henri reçut une large missive, cachetée aux armes de France. — Le lendemain, nous partîmes pour Paris.

» Il faisait noir déjà quand nous franchîmes l’arc de triomphe qui borne la route de Flandre