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LE BOSSU.

» Mais le temps m’a semblé long. Il y a quelque chose entre mon ami et moi. Oh ! que j’avais besoin de votre cœur pour y verser le mien, ma mère !

» Nous partîmes à l’heure dite, pendant que l’orchestre jetait ses premiers accords sous les grands orangers du palais.

» Henri chevauchait à la portière. Il me dit :

» — Ne regrettez-vous rien, Aurore ?

» — Je regrette mon amie d’autrefois, répondis-je.

» Notre itinéraire était fixé d’avance. Nous allions en droite ligne à Saragosse pour gagner de là les frontières de France, franchir les Pyrénées vis-à-vis de Venasque et redescendre à Bayonne, où nous devions prendre la mer et retenir passage pour Ostende.

» Henri avait besoin de faire cette pointe en France. Il devait s’arrêter dans la vallée de Louron, entre Luz et Bagnères-de-Luchon.

» De Madrid à Saragosse, aucun accident ne marqua notre voyage. Même absence d’événements de Saragosse à la frontière. — Et sans la visite que nous fîmes au vieux château de Caylus, après avoir passé les monts, je n’aurais plus rien à vous dire, ma mère.

» Mais, sans que je puisse m’expliquer pour-