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LE BOSSU.

» — Vous voilà grande, Aurore, me dit-il, et je ne pensais pas vous retrouver si belle.

» J’étais donc belle ! Il me trouvait belle. La beauté est un don de Dieu, ma mère : je remerciai Dieu dans mon cœur.

» J’avais seize ou dix-sept ans quand il me dit cela. Je n’avais pas encore deviné qu’on pût éprouver tant de bonheur à s’entendre dire : Vous êtes belle.

» Henri ne me l’avait pas encore dit.

» Je sortis du couvent de l’Incarnation le jour même et nous retournâmes à notre ancienne demeure. Tout y était bien changé. Nous ne devions plus vivre seuls, Henri et moi : j’étais une demoiselle.

» Je trouvai à la maison une bonne vieille femme, Françoise Berrichon et son petit-fils Jean-Marie.

» La vieille Françoise dit en me voyant :

» — Elle lui ressemble !

» À qui ressemblé-je ? Il y a des choses sans doute que je ne dois point savoir, car on a été à mon égard d’une discrétion inflexible.

» Je pensai tout de suite, et cette opinion s’est fortifiée en moi depuis, que Françoise Berrichon était quelque ancienne servante de ma famille. Elle a dû connaître mon père ; elle a dû