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LE BOSSU.

» Ma pauvre Flor — ou plutôt Maria de la Santa-Cruz, — ne pouvait leur donner ce qu’elle n’avait point.

» Un beau matin, nous la vîmes avec son ancien costume de gitanita. Henri se mit à sourire, et lui dit :

» — Gentil oiseau, tu as bien tardé à prendre ta volée !

» Moi je pleurais, ma mère, car je l’aimais, ma chère petite Flor ; je l’aimais de toute mon âme !

» Quand elle m’embrassa, les larmes lui vinrent aux yeux aussi, mais c’était plus fort qu’elle. La petite sauvage étouffait dans notre maison. Elle partit en promettant bien de revenir. — Hélas ! le soir, je la vis sur la Plaza-Santa, au milieu d’un groupe de gens du peuple. Elle dansait au son d’un tambour de basque, avant de dire la bonne aventure aux passants.

» Nous demeurions au revers de la Calle Real dans une petite rue de modeste apparence, dont les derrières donnaient sur de vastes et beaux jardins.

» C’est parce que je suis Française, ma mère, que je ne regrette pas à Paris le climat enchanté de Madrid.

» Nous ne souffrions plus du besoin. Henri