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LE BOSSU.

de son jupon, alourdi par les morceaux de plomb cousus dans l’ourlet, un petit poignard à manche de corne.

» — Déchausse-le ! commanda-t-elle.

» J’obéis machinalement. Henri portait des sandales avec des guêtres de majo. Ma main tremblait si fort que je ne pouvais délacer les courroies.

» — Vite ! vite ! répétait Flor.

» Pendant cela, elle faisait rougir la pointe de son petit poignard à la flamme de la lampe. J’entendis un frémissement court : c’était le poignard brûlant qui s’enfonçait dans la paume de la main d’Henri. Le fer, mis au feu de nouveau, perça également le creux de l’autre main.

» Henri ne fit aucun mouvement.

» — À la plante des pieds ! s’écria Flor ; — vite ! vite !… il faut les quatre douleurs à la fois.

» La pointe du poignard sépara encore une fois la flamme de la lampe. — Flor se prit à chanter un chant dans sa langue inconnue.

» Puis elle piqua les deux pieds d’Henri dont les lèvres se crispèrent.

» — Je lui devais bien cela, disait Flor en guettant son réveil, — le cher jeune seigneur !… et à toi aussi, ma rieuse Aurore… sans vous, je